Hippolyte Wouters : du prétoire à la scène

Hippolyte Wouters figure parmi les doyens du Barreau de Bruxelles. Ce spécialiste du droit familial a en effet prêté serment en 1957 ! Depuis plus de 60 ans, il observe l’évolution de la société avec toujours la même motivation : aider les gens. En dehors des prétoires, il troque la robe pour la plume : l’avocat chevronné devient alors dramaturge, avec déjà une douzaine de pièces à son actif. 

Le jeune avocat ne passe pas inaperçu. Dès sa première année de stage, il décroche le Prix Boels. En 3e année, c’est le Prix Lejeune qui vient saluer son sens inné de l’éloquence. Pourtant, Hippolyte Wouters ne se destine pas à une filière spécifique du droit : il apprend le métier sur le terrain, touche à tous les aspects de la profession. En fin observateur des évolutions de son environnement, il remarque toutefois qu’un phénomène est en train de profondément bouleverser la société : la révolution des mœurs.

« En Belgique, ce n’est qu’en 1958 que la femme est devenue l’égale de l’homme. C’est l’un des changements majeurs survenus dans notre société au 20e siècle : petit à petit, la femme gagnait son indépendance, accédait plus facilement au marché du travail, devenait financièrement autonome et était dès lors plus à l’aise avec l’idée de quitter son époux. L’arrivée de la pilule contraceptive a également contribué au phénomène. Pour un avocat, cela signifiait que la notion de famille allait considérablement changer : on a assisté à une augmentation soudaine du nombre de divorces. »

La Loi elle-même a dû s’adapter pour mieux coller aux évolutions des mœurs. Rappelons qu’en Belgique, jusqu’en 1957, les conditions requises pour qu’une femme puisse obtenir le divorce par consentement mutuel étaient extrêmement restrictives : avoir entre 20 et 45 ans, accepter de céder la moitié de son patrimoine de son vivant aux enfants et… obtenir l’autorisation des parents. Autant dire que le législateur avait tout mis en place pour empêcher le recours aux divorces.  Hippolyte

« Contrairement au droit des affaires, le droit familial s’ancre profondément dans la vie des gens. Ce n’est pas la science qui l’emporte ici, mais la psychologie et l’empathie. Je me sens une réelle utilité quand je me lève le matin : j’aide les femmes et les hommes qui viennent me consulter à aller de l’avant dans leurs vies respectives. Nous ne sommes pas des machines à divorcer. Chaque cas est unique et raconte une histoire différente, avec toutefois un point commun : c’est en faisant preuve d’un minimum d’élégance de comportement que l’on épargne bien des soucis à l’autre partie et aux enfants. Or, c’est souvent une vertu inaccessible aux couples qui se déchirent. »

Les confrères d’Hippolyte Wouters ont toujours unanimement salué la forme qu’il met dans ses plaidoiries et sa capacité à insérer un trait d’humour pour susciter l’empathie des juges. 

Lorsqu’il sort du prétoire, il ne quitte pas totalement la scène pour autant. L’avocat est également homme de Lettres, avec plus d’une douzaine de pièces de théâtre à son actif, qui lui ont notamment valu le Grand Prix de Théâtre de l’Académie des Langues et de la Littérature française de Belgique en 2003. Il avoue avoir puisé dans certaines des affaires qui lui ont été confiées une source d’inspiration, en particulier au niveau de la psychologie des personnages. 

Et de conclure en citant la définition du mariage de l’auteur français Sylvain Tesson : « L’intervalle qui sépare la passion élémentaire de la pension alimentaire.